RDC
A l’issue de l’audience tenue hier à la Cour militaire, l’affaire a été renvoyée au 30 avril, suite à l’absence de celui que les avocats de la partie civile considèrent comme le suspect numéro un dans cette affaire
Le procès en appel des assassins présumés de Floribert Chebeya a repris hier mardi 21 avril à Kinshasa, à la Haute cour militaire, après près de deux ans d’interruption. Mais, l’audience proprement dite prévue hier a été très courte car, l’affaire a été renvoyée au 30 avril 2015.
Les avocats de cet activiste des droits de l’homme assassiné en 2010 ensemble avec son chauffeur Bazana exigeant la présence du général John Numbi qu’ils considèrent comme suspect numéro 1. Ils sont donc déterminés à faire éclater la vérité sur ce crime, car de nombreuses zones d’ombre subsistent.
Selon Me Mukendi, avocat de la famille Chebeya, » c’est la continuation de la procédure pour faire éclater la vérité. Nous sommes certains que la vérité finira par triompher « .
Le dossier Chebeya ne peut être dissocié de l’affaire Bazana, le chauffeur disparu depuis cet assassinat. La reprise du procès a lieu dans un climat très tendu à Kinshasa où une fosse commune a été découverte dans la commune de Maluku, faisant couler beaucoup d’encre et de salive.
Pour certaines formations politiques telles que l’Udps, les corps de quelques personnes disparues peuvent se retrouver parmi les dépouilles enterrées clandestinement au cimetière de Fula Fula. Une nouvelle piste qui ne manquera pas d’être creusée par les avocats.
Pour rappel, à l’issue d’une enquête qualifiée de » bâclée » par les parties civiles, des organisations de défense des droits de l’Homme et plusieurs chancelleries occidentales, cinq policiers ont été condamnés en 2011 dont quatre à la peine de mort et un à la prison à vie, pour le meurtre de Chebeya et Bazana, dont le corps n’a jamais été retrouvé.
Le procès en appel des cinq hommes, dont trois sont en fuite, s’était ouvert en juin 2012 avant d’être suspendu onze mois plus tard à la suite d’une requête déposée par les parties civiles devant la Cour suprême de justice mais que celle-ci a rejetée en août.
Les parties civiles cherchent à obtenir la comparution du général Numbi qui avait été entendu comme simple témoin en première instance et qui fait figure, selon elles, de principal suspect.
En 2012, l’un des condamnés à mort, alors en fuite et réfugié aujourd’hui au Sénégal, l’a cependant mis en cause dans la fin tragique de Chebeya et Bazana.
Sur la base de son témoignage, la famille de Chebeya avait déposé une plainte visant l’ancien chef de la police. Celle-ci est restée lettre morte et Me Mukendi a lancé début avril une procédure pour faire en sorte que le général Numbi soit entendu au cours de l’instruction.
Répondant à quelques questions de la presse présente hier à la Haute cour militaire, le directeur de la Voix des sans voix (VSV), Dolly Ibefo, a indiqué que son organisation reste » très sceptique » quant à la volonté des autorités judiciaires de faire toute la lumière sur les événements de la nuit du 1er au 2 juin 2010.
Parmi les policiers qui étaient attendus hier mardi 21 avril 2015 pour comparaître, figure le colonel Daniel Mukalay, numéro 2 des services spéciaux de la police à l’époque des faits, et plus haut officier tombé dans cette affaire.
» Notre ligne de défense sera la même » qu’en première instance, a déclaré un de ses avocats, Me Didier Dinina, clamant l’innocence de son client.
De son côté, José Maria Aranaz, directeur du Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l’homme en RDC, espère que la reprise du procès sera une avancée en terme de défense des droits de l’Homme et dans la lutte contre l’impunité.
Par LM / tempête des tropiques
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