On a l’impression, après lecture de la lettre de démission du vice-président de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), Norbert Bazengezi, que l’intéressé n’avait nullement l’intention de s’accrocher au poste et qu’il n’a rien à se reprocher, après plusieurs années de loyaux services rendus à la Nation. On lui signerait facilement un chèque blanc, surtout qu’il se retire au moment où le staff de cette institution d’appui à la démocratie est occupé à expédier les affaires courantes, en attendant la mise en place de nouveaux animateurs, selon les règles du jeu connues de tous.
Justement, à propos des modalités de changement d’animateurs à la tête de la Ceni, la famille politique de l’ancien Chef de l’Etat est fortement préoccupée par la poursuite du contrôle de son centre décision, en prévision notamment des élections locales toutes proches et de celles, générales et encore lointaines, de 2023. Le départ précipité de Norbert Basengezi, indique-t-on, serait dicté par le souci du FCC (Front Commun pour le Congo) et du PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie) de provoquer le remplacement à la sauvette d’autres responsables par les « composantes » détenant un quota de représentation au sein de la Ceni.
Dans l’hypothèse où Cach (Cap pour le Changement) par exemple, accepterait de s’engager dans la voie du changement anticipée des animateurs de la centrale électorale, plusieurs objectifs seraient atteints.
En premier lieu, la page de l’audit général de la Ceni, une exigence constitutionnelle connue de longue date, serait tournée avant d’avoir été ouverte. Ainsi donc, Corneille Nangaa, son président, Norbert Basengezi, son vice-président, de même que d’autres membres abondamment cités dans le dernier rapport du Département d’Etat américain comme mêlés dans des scandales de corruption, à hauteur d’environ 100 millions de dollars américains, n’auraient plus de comptes à rendre à la Nation, à travers l’Assemblée nationale.
Une fois le tableau des tripatouillages des comptes « effacé », tout propos autour de la gestion du budget électoral de plus d’un milliard deux cents millions de dollars et de la commande des kits électoraux dont les machines à voter deviendrait, pense-t-on, sans objet.
L’autre dividende attendu de la fuite en avant de Norbert Basengezi, c’est la mise entre parenthèse de l’option de la restructuration de la Cenis, en vue d’en faire institution réellement indépendante du pouvoir exécutif et des partis ou regroupements politiques d’origine de certains de ses délégués.
L’on croit savoir que le FCC et le PPRD ont déjà concocté un nouveau schéma de maintien en otage de la CENI, en vue de continuer à contrôler les scrutins futurs et de s’aménager, grâce aux tripatouillages élections directes ou indirectes des résultats des urnes, des majorités numériques au sein des institutions de la République, comme c’est le cas depuis 2006.
Marquer Nangaa à la culotte
D’où, il y a nécessité d’une forte pression populaire sur l’Assemblée Nationale et le nouveau pouvoir, de manière à marquer Nangaa à la culotte jusqu’à ce qu’il justifie, jusqu’au dernier centime, les fonds mis à la disposition de son institution pour l’organisation des élections présidentielles, législatives nationales et provinciales, sénatoriales, urbaines, municipales et locales. Ses méthodes de gestion ont tellement fait couler encre et salive qu’il serait utile que l’opinion soit fixée sur les allégations de mégestion et de corruption qui continuent de courir dans tous les sens.
L’autre pari à gagner est celui de la restructuration de la CENI, à travers notamment les amendements de sa loi organique, de façon à la rendre effectivement apolitique, en déconnectant totalement ses animateurs des partis et regroupements politiques, ainsi que du pouvoir exécutif.
Avec le Phare
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