
Le Dialogue politique inclusif ouvert depuis le 1er septembre en RD Congo, poursuit son bonhomme de chemin sans les délégués du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement.
Cette coalition de l'Opposition pro Tshisekedi continue à s'arc-bouter sur ses préalables.
Au nombre desquels, la libération de tous les prisonniers politiques ainsi que la réouverture de certains médias appartenant à certains acteurs politiques de l'Opposition. Cette exigence de l'Opposition a aussi le souhait des partenaires étrangers. Mais aussi, le vœu des évêques de la République démocratique du Congo, réunis au sein de la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo).
Dans une conférence de presse qu'il a donnée mardi le 6 septembre au Centre interdiocésain de Kinshasa, l'abbé Léonard Santedi, secrétaire général de la Cenco, est encore revenu sur ce sujet. Au cours de cette rencontre avec les professionnels des médias, le conférencier n'a pas cherché de mots pour saluer la décision de libération des prisonniers politiques et de réouverture de certains médias par le Gouvernement.
Toutefois, la Cenco, par la bouche de son secrétaire général, a invité le Pouvoir à ne pas s'arrêter en si bon chemin. Autant le rappeler tout de suite, les évêques ont souhaité que les autres prisonniers politiques encore au gnouf soient libérés. Y compris la réouverture des médias appartenant à certains acteurs de l'Opposition et qui demeurent fermés jusqu'à ce jour.
La Promesses d'Alexis Thambwe Mwamba
La plénière du Dialogue national inclusif de ce mercredi 7 septembre, a une fois de plus, réexaminé les préalables du Rassemblement : présentés comme conditions à sa participation à cet historique Forum national. Séance tenante, Alexis Thambwe Mwamba, ministre congolais de la Justice a promis que les prisonniers politiques libérables seront bel et bien libérés.
Toute la nuance est donc là. A travers ce propos du patron de la Justice rd-congolaise, on comprend aisément que les personnes arrêtées pour des infractions relevant du droit commun, pourraient ne pas bénéficier de cette mesure de libération qui s'inscrit dans le cadre de la décrispation.
Selon Vital Kamerhe, co-modérateur du Dialogue national inclusif pour le compte de l'Opposition, certains leaders du Rassemblement ont déjà déposé sur la table du Facilitateur Edem Kodjo, les listes des militants de leurs partis politiques arrêtés et jetés par la suite en prison, à l'issue d'une manif populaire que les mêmes formations politiques avaient organisée par le passé. Il s'agit particulièrement des militants de l'UNAFEC (Union nationale des fédéralistes du Congo) de Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, des membres de l'Unadef (Union nationale des démocrates fédéralistes) du patriarche Charles Mwando Nsimba.
A ces deux listes, Vital Kamerhe a ajouté celle des militants de son parti, UNC (Union pour la nation congolaise). Par ailleurs, en ce qui concerne les médias fermés à ce jour, Vital Kamerhe a précisé qu'il s'agit d'un problème administratif. Parmi ces télévisions qui ont cessé d'émettre, figurent Nyota TV appartenant à l'ancien Gouv de l'ex-province du Katanga, Moïse Katumbi et VKAT Télévision (la Voix du Katanga) de Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, président honoraire de l'Assemblée provinciale du Katanga.
Parlant de Nyota Tv, Vital Kamerhe a indiqué que ce média a été fermé faute de payement de la redevance. "Ce n'est pas de l'argent qui manque à Moïse Katumbi pour s'acquitter de cette taxe", a renchéri Vital Kamerhe. Comme qui dirait, Nyota Tv pourra reprendre du service dés que son patron se sera acquitté de cette obligation fiscale.
Quid des cas Diomi et Muyambo ?
Sans conteste la libération des prisonniers politiques en République démocratique du Congo participe à la décrispation souhaitée par tous. L'Opposition comme la coalition actuellement au pouvoir. En affranchissant ces détenus, le Pouvoir gagnerait plus. Car, il aura ainsi donné un signal fort de la réconciliation nationale. Dans ces conditions, le Rassemblement qui tient mordicus à cette condition, n'aurait plus de raison de ne pas participer aux assises du Dialogue national dans son format inclusif.
Autrement dit, une fois que les prisonniers politiques sont libérés, les sociétaires du Rassemblement devront, en retour, poser des –actes traduisant leur volonté de participer effectivement à cette œuvre de la réconciliation, gage d'une paix durable en RD Congo.
Cependant, lorsqu'elle parle de la libération des prisonniers politiques, le cartel de l'Opposition né de la rencontre de Genval à Bruxelles, cible deux de ses sociétaires en prisons depuis plus d'une année. Il s'agit essentiellement de Jean- Claude Muyambo, président du parti SCODE (Solidarité congolaise pour la démocratie et le développement (SCODE) et d'Eugène Diomi Ndongala, numéro 1 de la DC (Démocratie chrétienne), respectivement en détention le 23 janvier 2015 et le 9 avril 2013.
Voila donc deux cas qui, par rapport au double impératif de la décrispation politique et de la réconciliation nationale, place le Pouvoir et l'Opposition post Genval devant leurs responsabilités. Si en amont, le Gouvernement venait à donner une suite favorable à la requête du Rassemblement, ce dernier devra en aval lui renvoyer l'ascenseur.
Car, vu des observateurs indépendants, la décision du Gouvernement de libérer les prisonniers politiques ne devrait pas être perçue comme une faiblesse. Loin s'en faut.
Laurel Kankole/Forum des As