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   RDC

Le militant congolais Fred Bauma, du mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha), basé dans l'est de la RDCongo, a été transféré mardi à la prison centrale de Kinshasa, a-t-on appris de sources concordantes.

"Il a été transféré à [la prison centrale de] Makala vers 10h00 (09h00 GMT) (...) avec d'autres détenus qui étaient à l'amigo (le cachot du parquet). Il n'a pas été inculpé", a déclaré à l'AFP Me Sylvain Lumu, un des avocats de Fred Bauma.

"Il a été transféré sans avoir pu parler à un magistrat. Il n'a pas été auditionné au parquet, il ne sait pas de quoi il est inculpé ni quelle va être la suite de ce dossier", a précisé à l'AFP une source diplomatique.

Mardi soir, le procureur général de la République, Flory Kabange Numbi, avait confirmé à l'AFP que l'activiste avait été présenté au parquet et qu'un magistrat l'auditionnait. "C'est demain qu'on sera fixé sur son sort", avait-t-il ajouté.

Fred Bauma avait été arrêté le 15 mars avec une trentaine de personnes lors d'une rencontre sur la bonne gouvernance et la démocratie en Afrique en présence de trois activistes sénégalais et d'un Burkinabè, pour leur part expulsés après avoir été accusés de préparer des "actes de violences".

La plupart des détenus ont été libérés mais Fred Bauma restait détenu au secret à l'Agence nationale de renseignement (ANR), avec un autre activiste, Yves Makwambala, du mouvement Filimbi (Coup de sifflet en swahili), qui a été inculpé de haute trahison puis écroué à Makala, selon Lucha.

L'ambassadeur de l'Union européenne en RDC, Jean-Michel Dumond, avait rappelé le 27 avril que la garde à vue ne pouvait excéder 48h et souligné qu'il était "important que cette procédure et toutes les procédures permettant un procès équitable soient respectées".

Les arrestations du 15 mars ont eu lieu dans un climat politique tendu à l'approche d'échéances électorales.

Le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, ne peut pas se représenter lors de la présidentielle prévue en novembre 2016 mais l'opposition accuse son camp de vouloir le maintenir illégalement au pouvoir.

En janvier, de violentes manifestations ont éclaté, essentiellement à Kinshasa, pour dénoncer un projet de révision de la loi électorale qui aurait pu permettre au chef de l'État de rester en poste au-delà du terme de son mandat. Plusieurs dizaines de personnes avaient été tuées au cours de ces événements.

AFP