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Les Evêques ont, effectivement, voyagé ce  dimanche  29 janvier  à destination de Genève, en Suisse.  Ils en ont ainsi  pour sept jours, avant de retourner au pays, le dimanche 5 février prochain. En leur absence, Mgr Marcel Utembi, Président de la CENCO, s’adressant aux Ambassadeurs et Chefs des Missions, lors de la cérémonie ratée et reportée de clôture de signature des Arrangements Particuliers,  avait appelé, le samedi 28 janvier dernier, à la poursuite des discussions directes pour vider notamment, le reste des divergences autour de la délicate question du choix et du mode de désignation du futur Premier Ministre. Puis, celle du rôle de la médiation de la CENCO,  tout au long de la transition d’ici la fin de l’année 2017. Les mêmes efforts devraient, normalement, se poursuivre sur les matières liées, naturellement,  à l’attribution des postes ministériels au sein du gouvernement d’union nationale, à la restructuration partielle de la CENI et du CSAC, sans oublier, évidemment,  que plus tard, les entreprises publiques  et les exécutifs provinciaux seront, eux aussi,  affectés par le même vent du changement,  dicté par le souci d’une cohabitation pacifique et d’une gestion consensuelle de la transition. 

A la Majorité, des réunions se multiplient. Au Rassemblement, mêmement. Tel est le nouveau rythme saccadé imprimé par les enjeux politiques  de l’heure. Hier, toute la journée jusque tard, tous les Etats-Majors de ces deux camps  étaient en ébullition. Des stratégies et orientations  d’il y a quelques jours,  quelques semaines ou quelques mois, sont  repensées à la lumière de l’évolution des choses.

A ce stade, deux dossiers clés exigent du Rassemblement et de la Majorité, des concessions rapides et  réelles. Parce qu’après tout, toute rupture des discussions directes, quelles que soient les raisons,   est à déconseiller, selon maints analystes.  L’idée  de désigner un Premier Ministre ou, même, celle  d’avancer une proposition sous forme de panel, fut-il de trois, quatre ou cinq noms,  est et reste  la trame essentielle d’une brouille inutile   qui attise, en tout cas,  tous les démons de l’enfer.

Et, pourtant, s’il était  donné à ces deux  familles politiques, deux des principales forces d’attraction  que compte actuellement la RD. Congo, l’intérêt supérieur de la nation primerait sur des considérations éparses.  On dépasserait les bornes tracées par le problème des postes et des intérêts particuliers, pour aller au-delà de  l’enjeu principal : les élections dont les échéances fixées n’ont ni  changé, ni bougé,  lorsqu’on ausculte de très près,  le contenu de l’Accord du 31 décembre 2017. 

Avec un minimum de volonté politique et, surtout, avec la détermination de sortir le pays du marasme économique, de la bouillabaisse sociale et de la crise politique artificielle, le bon sens recommanderait que les négociateurs changent leur fusil d’épaules. Logiquement, l’application intégrale de l’Accord  ne demande pas  que les anges du ciel viennent en mission en RD. Congo pour transformer les consciences des acteurs politiques. Bien, par contre, cela relève de ce qu’on veut faire  de ce pays,  demain ou après demain. Tout ceci   si, après tous les stratagèmes et tous  les coups,  les pieds des uns et autres,  restent encore sur terre. 

A propos, par exemple, du rôle de la CENCO, les débats engagés auraient dû trouver des réponses, si jamais les négociateurs, réunis  en format réduit au Centre Interdiocésain, avaient compris le sens profond de ce qui a été évité de justesse,  en décembre 2016. 

Certes, Joseph Kabila est là. Il demeure en fonction jusqu’à l’installation effective de son successeur élu. Mais, les effets pervers dus aux dissensions politiques et turbulences des manifestations de rue, ne sont pas forcément à conjuguer au passé. Les politiciens étant les mêmes, les bases étant restées sur leurs gardes, depuis les ratés de l’hécatombe, toutes choses restant égales par ailleurs, il est à craindre que le langage des sourds refasse surface.  Et, avec lui, le regain des tensions sur fond des fortes contestations.

Là, dans ce cas précis,  si aucune prévention n’est assurée, il y a lieu de craindre que le sort du pays ne soit sacrifié  sur l’auteur d’autres calculs mesquins.  On risquerait de  le  replonger  dans des situations alambiquées et  aux contours difficiles à cerner d’avance.

Le mieux serait que maintenant que les Evêques ont joué leur rôle et qu’ils ont balisé la voie, depuis le 8 décembre 2016 jusqu’au 28 janvier 2017,  que les négociateurs, sous l’impulsion de leurs Autorités Morales respectives, à savoir, Kabila et Tshisekedi, s’acceptent mutuellement et qu’ils trouvent un large consensus en vue d’une transition non conflictuelle jusqu’aux élections libres, transparentes, justes et démocratiques.

Au cas contraire, c’est-à-dire, en l’absence d’un processus électoral fiable, la crise, par un simple effet de rebrousse-poil, demeurera au  devant de tous et de chacun.

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