
L’avenir du pays dépendra des options qui seront levées aujourd’hui.
Comme annoncé par Forum des As dans son édition d’hier mardi, le Président Joseph Kabila s’adresse ce matin à ses concitoyens, via les deux chambres du parlement réunies en Congrès au Palais du peuple. Un discours sur l’état de la Nation qui intervient dans un contexte très particulier de fortes tensions politiques. A la base, la très récurrente et brûlante question de la primature et de la présidence du Conseil national du suivi de l’Accord du 31 décembre 2016.
La question qui se pose est de savoir, quels sont les scénarii possibles pour sortir la RD Congo de son impasse actuel ? En d’autres termes, qu’est ce qui est envisagé à court terme, après l’échec des pourparlers du Centre interdiocésain sous les bons offices des évêques de l’Eglise catholique ? Plus trivialement, on dirait : quel est le sort réservé à l’Accord de la saint sylvestre qui fait tant couler l’encre et la salive ? Voilà, en quelque sorte, le résumé des préoccupations légitimes des Congolais qui attendent ce matin de leur président, des réponses sans équivoques.
Au-delà de ce qui a l’air d’un rituel constitutionnel, il faut dire que le discours du Président Joseph Kabila de ce matin suscite plusieurs attentes d’une population congolaise estimée à plus de 80 millions d’habitants.Tous ont le regard fixé sur le Raïs, lui qui a la pleine responsabilité du bon fonctionnement des institutions. Loin derrière les querelles de chapelle actuelles entre la Majorité présidentielle et le Rassemblement, Joseph Kabila se trouve donc à l’heure des choix. Entre la survie du pays et les intérêts partisans, le Président de la République, seul devant sa conscience, devra sans doute décider de la direction à prendre. Et, dire que l’avenir de la RD Congo dépendra des options finales qui seront levées aujourd’hui. Ou bien ça passe, ou bien ça casse. Dans un cas comme dans un autre, des conséquences bonnes ou mauvaises ne manqueront pas.
FERMER LES OREILLES AUX CHANTS DES SIRENES
La fin constitutionnelle du mandat du Président Joseph Kabila en décembre dernier a ouvert la boite de Pandore. Depuis, le pays se trouve quelque peu au centre des projecteurs des puissances étrangères. Désormais, les capitales européennes ont chacune, leur regard sur le Congo. Chacune y va de son analyse. Bref, toutes n’ont pas la même perception de la RD Congo. Nombreuses ont du pays, une image à tout le moins caricaturale. Aux yeux de ces puissances occidentales, la RD Congo est présentée comme un pays au consensus impossible. Un pays incapable d’apporter de solutions idoines à ses problèmes internes, sans la moindre interférence extérieure.
Compte tenu de ces différents jugements qui ressemblent à une induction amplifiante, il appartient à la classe politique congolaise de prouver le contraire. Politiquement, deux textes font référence en RD Congo. Il s’agit de l’Accord du 18 octobre 2016 et de celui du 31 décembre de la même année. De l’analyse de contenu de différentes réactions en dehors des frontières, il se trouve donc vérifié que ces deux compromis politiques ont, désormais, une portée internationale. La Résolution 2348 du Conseil de sécurité des Nations unies adoptée le 31 mars dernier à New York, en est une preuve éloquente.
A titre de rappel, l’instance décisionnelle de l’Onu a, dans sa Résolution sus-évoquée, réaffirmé son appui à l’Accord politique global et inclusif signé à Kinshasa le 31 décembre 2016. Tout en saluant les efforts des prélats catholiques qui ont offert leurs bons offices à l’organisation effective des discussions politiques directes ayant débouché sur la signature dudit compromis, " le Conseil de sécurité en appelle à sa mise en application sans délai, en toute bonne foi et dans son intégralité, afin que soient organisées, au plus tard en décembre 2017, des élections crédibles et inclusives".
Que peut-on donc retenir de la situation actuelle en RD Congo ? Sans doute, quantité de choses à la fois. Toutefois, des hérauts de la scène politique rd congolaise auront remarqué, à partir de leurs viseurs, que rarement le Président Joseph Kabila ne s’est trouvé dans une situation aussi délicate que maintenant. Par conséquent, c’est lui seul qui devra manœuvrer au gouvernail du navire RD Congo pour bien négocier cet ultime virage en pleines vagues.
En conséquence, le Raïs qui endosse la lourde charge de garantir la paix sur toute l’étendue du territoire national, devra fermer les oreilles aux chants de sirènes et autres apostrophes des griots de tous bords. Ni la Majorité présidentielle ni l’Opposition politique dans sa diversité ni la très plurielle Société civile ne devrait donc pas influencer le Chef de l’Etat qui se trouve, dorénavant, seul à l’heure des choix. De bons choix.
Laurel KANKOLE / forum des As