
Fait dans ce contexte marqué par une insécurité chronique due à la présence de nombreux groupes armés à l’est du pays, un tel plaidoyer cacherait l’intention du pouvoir actuel de se maintenir au pouvoir par tous les moyens.
Le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) a, à travers son ministre des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu, annoncé mardi à Kinshasa avoir écrit au Conseil de sécurité de l’ONU pour lui signifier que l’actuel mandat de la Mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo (MONUSCO) est l’avant-dernier car, pour le régime Kabila, cette mission doit se retirer définitivement de la RDC en 2020!
Pour des observateurs avertis, cette annonce sonne comme un défi que le régime actuellement au pouvoir en RDC lance à l’organe de décision de l’Organisation des Nations Unies (ONU) dont les 5 membres permanents (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne) sont les principales puissances nucléaires du monde. Un bras de fer entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le régime de J. Kabila se profile donc à l’horizon, si du moins ce régime parvient à se maintenir au pouvoir jusqu’en 2020.
Apparemment, le régime de J. Kabila qui règne sur un pays doté d’un Etat très faible économiquement, militairement et politiquement n’a pas les moyens de défier le Conseil de sécurité de l’ONU s’il y a réellement une unité en son sein. Mais, après avoir passé 17 ans au pouvoir, Joseph Kabila croirait désormais en ses capacités de semer la zizanie entre les super puissances.
Après avoir rompu avec les puissances occidentales qui avaient favorisé son accession au pouvoir en 2001, il se serait tourné vers la Chine et la Russie, deux membres du Conseil de sécurité qui ont un droit de veto et qui peuvent sortir son régime de l’isolement le moment venu. Pourquoi le régime de Kabila s’acharne-t-il à réclamer le départ de la MONUSCO, alors que la RDC n’est pas encore dotée d’une Armée républicaine capable d’être un bouclier national?
La question vaut la peine d’être posée car il est constaté un manque criant de volonté politique pour doter la RDC d’une Armée motivée, bien entrainée, bien équipée et bien formée. Les premières troupes de l’ONU sont arrivées en RDC à la fin de 1999. Mais 18 ans plus tard, la RDC ne dispose toujours pas d’un véritable bouclier national pour protéger efficacement ses frontières.
Pourtant, le pays regorge de vaillants soldats et d’officiers militaires de grande valeur bien formés. Si les autorités congolaises avaient doté le pays d’une Armée et d’une Police bien outillées, la présence des troupes de l’ONU ne se justifierait pas. Ce n’est pas encore le cas, du moins jusqu’à présent.
Devant une telle évidence et dans un contexte où une insécurité criante continue à sévir à l’est du pays, à cause de la présence de nombreux groupes armés qui sèment la mort et la désolation parmi les populations civiles, le plaidoyer fait par les dirigeants actuels de la RDC appelant au départ de la MONUSCO en 2020 est perçu par de certains observateurs comme un défi lancé au Conseil de sécurité. D’autres encore y voient une volonté à peine voilée des dirigeants actuels de la RDC de se maintenir au pouvoir par tous les moyens !
Par L.W./ tempête des tropiques