
Le silence de Kinshasa face à cette situation traduit l’indifférence et le manque criant de leadership dans le chef des dirigeants congolais
Depuis quelques jours, plus de 200.000 ressortissants congolais ont été expulsés d’Angola, beaucoup avec brutalités et dépouillés de tous leurs biens. Si la plupart de ces Congolais sont ceux qui avaient trouvé refuge dans ce pays voisin, après avoir fui les violences meurtrières survenues dans la région du Kasaï, d’autres expulsés vivaient de plus de dix ans en Angola, comme c’est aussi le cas de nombreux Angolais à qui la RDC a eu à offrir son hospitalité lors que ces derniers avaient fui la guerre ayant ravagé autrefois ce pays voisin pendant 25 ans.
Les autorités angolaises viennent de cracher donc une fois encore sur cette hospitalité commune en expulsant plus de 200.000 Congolais tout en infligeant à ces derniers un traitement dégradant et même inhumain. Des actes condamnables dont les images ont fait le tour du monde, mais sans que cela suscite la moindre protestation ni compassion des autorités de la RDC ! Devant le consulat de la République Démocratique du Congo à Dundo, capitale provinciale du Lunda Norte, en Angola, une dizaine de Congolais attendent, témoigne un journaliste de la Libre Belgique.
Et selon cette source, certains de ces expulsés brandissent des cartes de séjour angolaises. « La solution ce n’est pas ici », lance brièvement un fonctionnaire à ceux qui attendent le consul. « Qu’est-ce que nous allons faire en RDC ? Nous tous nous habitons Lucapa depuis vingt ans pour les uns et dix ans pour les autres », avance Daniel M., la quarantaine, devant la représentation congolaise aux portes fermées.
« Depuis la semaine passée, il y avait des rumeurs faisant état de l’expulsion des étrangers par les autorités angolaises. Nous pensions que même si cela était vrai, on expulserait que les nouveaux venus, pas nous qui sommes confondus aux Angolais », explique Dorcas, mère de quatre enfants, son dernier né dans les bras. « Soudain, le lundi, nous avons vu des jeunes garçons de la communauté Tshokwe avec les policiers angolais commencer à incendier les maisons de tous ceux qu’ils prenaient pour étrangers.
Arrivés chez nous, ils ont blessé mon mari à la machette et nous avons été obligés de partir avec ce que nous avons pu prendre », raconte-t-elle, en écho à d’autres témoignages de violences communautaires qui font même état de morts. Les autorités angolaises ont niés les exactions. Elles affirment avoir initié cette opération visant les « étrangers en situation irrégulière dans le pays, notamment dans les maisons d’achat de diamants ».
Ernesto Muangala, le gouverneur du Lunda Norte, a d’ailleurs récemment répertorié « plus de 200.000 retours volontaires de Congolais en situation irrégulière ».
Les expulsés se plaignent de s’être conformés aux lois en régularisant leur séjour, d’avoir investi dans le pays et d’y avoir même construit des maisons. Ils s’étonnent que désormais les autorités angolaises refusent même de reconnaitre les documents de séjour qu’elles ont délivrés aux Congolais.
Indignation face au silence de Kinshasa
Ils nombreuses victimes de ces expulsions réclament aux représentants de la RD Congo d’intercéder pour eux, afin que les autorités angolaises rachètent leurs maisons, sinon ils sont « condamnés à la mort en RDC », où ils n’ont pas de biens.
Au poste-frontière de Kamako. Dans la zone neutre, un officier de l’immigration angolais qui parle couramment le lingala fait mine de s’étonner: « Comment les gens peuvent-ils refuser de rentrer dans leur propre pays ? Ça fait rire ». La moyenne des personnes franchissant la frontière varie de 200 à 1.000 l’heure. Les services congolais sont débordés. « A cette allure, nous ne savons pas enregistrer », affirme Mathieu Boma, du bureau local de la commission nationale des réfugiés.
A Kamako, côté congolais, les expulsés se logent comme ils peuvent dans les écoles, dans les églises, voire même sous les arbres. Dimanche dernier, les cultes catholiques ou des églises de réveil ont d’ailleurs commencé en retard en raison de leur afflux. Le curé de la paroisse Saint Gabriel, l’abbé Crispin Mfamba, signale que « pour le moment, 750 familles de trois à quatre personnes sont dans nos installations qui ont une très faible capacité d’accueil ».
Le prêtre en a profité pour lancer un appel à la solidarité. Pour le moment, les autorités rd congolaises restent silencieuses. Pas de réactions de protestations ou d’appel à la modération, alors qu’il est question des Congolais dont certains ont même trouvé la mort lors de ces expulsions !
Cette indifférence coupable traduit, de l’avis de certains observateurs, le manque criant de leadership souvent reproché aux autorités de la RDC et qui serait à la base de la détérioration des conditions sécuritaires en RDC depuis la chute du régime Mobutu.
Par YHR / tempête Info