
La réhabilitation de la Haute cour étant une priorité, la structure des laïcs catholiques souligne qu'il y a urgence.
Le Comité laïc de coordination (CLC), demande à Benoît Lwamba, président de la Cour constitutionnelle, de rendre le tablier. A la fois comme numéro 1 et membre de cette haute juridiction. Dans une correspondance à lui adressée en date du 29 juillet, avec ampliation au Chef de l'Etat, Félix Tshisekedi, cette structure laïque proche de l'Eglise catholique, note que leur requête concerne également tous les juges et magistrats de la Haute Cour. Bref, tous les membres de la Cour constitutionnelle, selon le CLC, doivent démissionner.
Par ailleurs, le CLC qui considère la refonte, mieux la réhabilitation de la Haute Cour comme un impératif, invite les destinataires directs et indirects de sa correspondance, d'agir en mode urgence. Auquel cas, le Comité laïc de coordination se verrait dans l'obligation de recourir à d'autres moyens populaires de pression pour contraindre Benoit Lwamba et son cabinet, de renoncer à leur mandat. Mais le CLC dit ne pas vouloir en arriver là, pour préserver sa dignité de premier Haut magistrat.
LES RAISONS DE LA REQUETE
Le CLC motive sa requête par la saga spontanée observée à Kinshasa, à la suite des arrêts de la Cour constitutionnelle relatifs aux contentieux électoraux des législatives nationales du 30 décembre dernier. Comme la plupart des Congolais qui avaient réagi à l'époque, le CLC note que ces verdicts rendus respectivement le 11 juin et le 4 juillet derniers, n'ont pas préservé la paix sociale.
Par ailleurs, le CLC considère le fait pour le juge constitutionnel des litiges électoraux, de revenir sur son arrêt du 11 juin, invalidant une trentaine de députés nationaux et de sénateurs de l'Opposition, comme un aveu de soupçons de corruption des juges de cette juridiction. Brandissant le principe sacro-saint d'"inattaquabilité" des décisions de la Cour constitutionnelle consacré dans l'article 168 de la Loi suprême du 18 février 2006, le CLC note que cette dernière a délibérément violé la Constitution, pour avoir rendu le 4 juillet, un deuxième arrêt subséquent, sous-prétexte de corriger les erreurs matérielles contenues dans sa décision du 11 juin. Ce n'est pas tout.
Revisitant la loi électorale du 9 mars 2006 telle que modifiée par la loi du 25 juillet 2011, le Comité laïc de coordination rappelle que le Cabinet Benôit Lwamba, avait très largement dépassé le délai de deux mois que la loi accorde à cette haute juridiction pour examiner tous les recours en contestation des résultats des législatives nationales. Etant donné que le verdict de la Haute cour est tombé près de sept mois après, soit le 11 juin, le CLC considère ce "bonus" indu comme une deuxième violation des prescrits légaux.
Puis finalement, le CLC fait remarquer que la réhabilitation exclusive et unilatérale le 4 juillet par la Cour constitutionnelle, de neuf députés de l'Opposition parmi les 30 invalidés au terme de l'Arrêt du 11 juin de la même Cour, n'a fait que réconforter les Congolais qui ont crié en leur temps, au monnayage des recours aux contentieux électoraux.
" De ce comportement plus qu'étrange, on ne peut que conclure qu'à ce compte-là, rien ne garantit que l'arrêt de justice que vous avez rendu public dans la nuit du 4 au 5 juillet 2019, ait clôturé définitivement ce cycle d'arrêts sur le contentieux électoral, parce que ces hautes décisions de justice, devenues fantaisistes, ont cessé d'être irrévocables ", constate le CLC.Ainsi, pour toutes ces raisons avancées qui jettent de l'opprobre sur la Cour constitutionnelle, le Comité laïc de coordination ne demande pas mieux au Président de cette juridiction, que de sortir par la grande porte. Ci-dessous, la lettre adressée à Benoit Lwamba.
Grevisse KABREL / Forum des As