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Alors qu’une brigade est mise en place pour surveiller le site de l’accident, la délégation ministérielle est rentrée à Kinshasa avec les corps des victimes, mais sans le fameux enregistreur de vol qui reste introuvable
Par YHR

Des zones d’ombre demeurent sur les circonstances réelles du crash de l’Antonov 72 survenu le 1 octobre 2019 à Kole, dans la province de Sankuru, alors que cet avion affrété par le Gouvernement congolais revenait du Sud-Kivu avec, à son bord la logistique du Président de la République, le chauffeur de celui-ci, ainsi que quelques éléments de sa garde rapprochée.

En effet, au moment où nous mettons sous presses, les boîtes noires de l’Antonov 72 accidenté ne sont  toujours pas localisées. Selon le ministre de la Défense, Aimé Ngoy Mukena,  la boîte noire serait toujours enfouie dans le sous-sol (sic) !
L’aéronef, affrété pour la logistique présidentielle à l’occasion de la tournée du chef de l’Etat à Bukavu, avait chuté le jeudi 10 octobre de cette année à Okoto, village situé dans la province du Sankuru, avec à son bord huit personnes et notamment le véhicule  blindé du numéro un rd congolais.

Quatre  corps ramenés à Kinshasa

Le jeudi 17 octobre,  le ministre PPRD de la Défense, Aimé Ngoy Mukena, a annoncé à la presse qu’une brigade avait été mise en place pour surveiller le site où le crash de l’avion  72 a eu lieu. Quant à la délégation gouvernementale, elle  a  quitté Kananga le même jeudi dans la soirée, ramenant  à Kinshasa quatre  corps retrouvés sur le site du drame. En plus des trois corps qui avaient été déterrés à Okoto, un quatrième découvert dans les décombres a été ramené à Kananga ce jeudi-là dans la journée par l’équipe des experts congolais qui menaient les enquêtes. Officiellement, les débris de la jeep blindée du Chef de l’Etat  n’ont pas encore été retrouvés.

Les experts dépêchés pour les enquêtes sur le lieu de l’accident ont donc regagné la capitale congolaise sans avoir retrouvé les fameuses boites noires de l’Antonov 72, éléments essentiels pouvant permettre de décrypter le vol jusqu’au moment du crash. La délégation gouvernementale, arrivée à Kananga à la suite de la découverte des débris de l’avion près d’Okoto dans la province du Sankuru, a donc bouclé sa mission le jeudi, sans avoir retrouvé la fameuse boite noire ni les débris de la jeep blindée du Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo qui a, entretemps, effectué un voyage éclair aux Etats-Unis.

L’Antonov 72 qui continue à faire couler tant d’encre et de salive s’est écrasé sur un site marécageux, en pleine brousse, explique le ministre. Le nez de l’Antonov serait enfoncé dans le sol, invisible, c’est ce que l’on apprend du côté de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO), qui a mis sa logistique à la disposition des autorités.

Qu’est-ce qu’une boîte noire ?

Une boîte noire ou enregistreur de vol est un dispositif enregistrant  des informations situé dans un avion. La boîte noire enregistre des informations liées au vol, dont l’analyse aide à déterminer les causes d’un incident ou d’un accident. Dans la pratique, les boîtes noires sont de couleur orange ou rouge, avec des bandes blanches réfléchissantes, pour en faciliter la recherche si l’avion est détruit.

Il existe deux types de boîtes noires : les enregistreurs phoniques (Cockpit Voice Recorder : CVR), qui sont destinées à enregistrer les conversations du cockpit, et les enregistreurs de paramètres (Flight Data Recorder : FDR), qui ont pour rôle d’enregistrer les données de vol. Elles sont placées à l’arrière de l’avion car c’est la partie qui est généralement la mieux conservée lors d’un impact avec le sol ou la mer.
Les boîtes noires ont pour caractéristique commune d’être équipées d’une balise ULB (Underwater Locator Beacon) qui se déclenche en cas d’immersion lorsque deux contacteurs sont humides et qui émet un signal à ultrason afin d’aider à la localisation de l’appareil, l’avion possédant en plus des balises de détresse de type ELT qui se déclenchent lors de l’impact.

Le signal omnidirectionnel est émis à une fréquence de 37,5 kHz à 160 dB (ref 1 Pa à 1 m) toutes les secondes pendant une durée d’au moins trente jours consécutifs sur une portée de 2 km environ. Il peut être capté à une profondeur allant jusqu’à 6 000 mètres (environ 20 000 pieds) grâce notamment à des « towed pinger locators » (TPL) spécifiques constitués d’hydrophones passifs qui sont remorqués à faible vitesse (généralement entre 1 et 5 nœuds, selon la profondeur de remorquage) derrière des navires.

Résistante aux chocs, incendies, immersions

Conçues pour ne pas être détruites dans une catastrophe aérienne, les données des boîtes noires sont protégées par trois couches de matériaux destinées à assurer leur survie au choc, à l’incendie (une heure à 1 100 °C) et à l’immersion profonde. En 2009, leur coût unitaire est de 10 000 à 15 000 dollars. L’unité de stockage en mémoire (la Crash Survival Memory Unit, ou CSMU) est ainsi confinée dans une boîte thermique, elle-même placée dans une boîte d’isolation, le tout dans une boîte en titane ou en acier.

Les autorités chargées de la sécurité aérienne (en France, le Bureau d’enquêtes et d’analyses, BEA ; aux États-Unis et dans la plupart des pays ne possédant pas ce type de services le Conseil national de la sécurité des transports ou National Transportation Safety Board, NTSB, en anglais) analysent ces boîtes noires. Les données enregistrées permettent de reconstituer la phase finale du vol voire, dans les cas les plus récents, d’être introduites dans un simulateur de vol pour une répétition complète du vol. Lorsqu’elles sont exploitables, les boîtes noires permettent d’expliquer près de 90 % des accidents.

90 % des accidents d’avion expliqués  

Les boîtes noires destinées à enregistrer les données de vol enregistrent différentes données relatives aux systèmes de l’avion, sa trajectoire, ses attitudes, sa vitesse. Actuellement, une boîte doit enregistrer au moins 28 données comme l’altitude, la vitesse, l’heure ou la pression et les conserver sur une durée de 25 heures. Certains appareils plus récents et plus sophistiqués enregistrent jusqu’à 1 300 paramètres. À partir de ces données, il est possible d’effectuer une simulation informatique du vol. L’ensemble des informations des différents capteurs de l’avion est collecté par le FDAU (Flight Data Acquisition Unit) situé à l’avant du cockpit puis renvoyé vers l’arrière de l’avion où est situé l’enregistreur.

Ave tempête des tropiques