
Au moins 18 civils ont de nouveau été fauchés par les assaillants armés assimilés aux rebelles ADF, la nuit du dimanche à lundi 30 décembre 2019, dans le village d’Apetina, à quelque 15 kilomètres d’Oicha, chef-lieu du territoire de Beni. Après avoir défié les positions militaires, l’ennemi est allé opérer en toute quiétude, se livrant également au pillage des biens des habitants sur place.
Selon les forces vives du territoire de Beni, c’est vers 19h que les rebelles ont surgi, même si les premiers mouvements ont été signalés une heure plus tôt. Lewis Saliboko, membre de la société civile, indique que les victimes ont été surprises dans leurs cases avant d’être tuées.
« C’était au niveau d’Apetina, un village situé à peine 15 kilomètres au Nord-ouest d’Oïcha. Les assaillants ont opéré nuitamment, ils ont rencontré des civils dans leurs cases et ils ont commencé à les décapiter. Nous avons jusque-là un bilan provisoire de 18 morts. Ils ont commencé à opérer autour de 19h », renseigne-il.
Sur place, c’est la désolation et la tristesse dans le camp des rescapés qui ne savent plus à quel saint se vouer. C’est donc sur fond d’inquiétude et de peur qu’ils vont passer cette fin d’année.
Actes de sabotage?
Au cours de sa visite de réconfort à la population meurtrie par les massacres des ADF, le cardinal Fridolin Ambongo a visité Mayi-Moya, Oicha et Mbau, en territoire de Beni. Dans toutes ses exhortations, l’archevêque de Kinshasa s’est révélé porteur d’un message d’espoir et de soutien à une population en détresse, appelée à faire confiance en Dieu. Mais le passage de l’homme de Dieu dans cette partie ne semble pas fléchir les rebelles ougandais.
En effet, juste après son retour de Mayi-Moya, alors qu’il réconfortait encore les chrétiens catholiques de la paroisse Notre Dame des Pauvres de Mbau où furent enlevés dans la nuit du 19 octobre 2012, les trois prêtres catholiques : Edmond Kisughu, Jean-Pierre Ndulani et Anselme Wasukundi ; les djihadistes ont opéré dans le quartier Kitsanga de cette localité entre 20 et 22h 30’, la nuit du vendredi 27 au samedi 28 décembre 2019. Ils y ont incendié trois habitations dans différentes parcelles. Ils ont effectué le porte-à-porte, pillant et emportant des vivres et autres biens de valeur.
Dans ce coup, on a déploré la mort de Paluku Thawite (44 ans), père de famille calciné. L’attaque a eu lieu à plus ou moins 100 m du camp de la Monusco.
Samedi 28 décembre, dans leur errance, les mêmes rebelles ont surpris vers 17h00, au village Mulobya (à 4km à l’Ouest de Mayi-Moya) un couple qui quittait son champ à Tshani-Tshani. Sans aucune forme de procès, les deux conjoints ont été achevés et leur moto incendiée. Ce qui porte d’ailleurs à 224, le nombre des civils abattus en représailles aux offensives de grande envergure lancées contre eux par les FARDC depuis le 30 octobre 2019. Pour l’Ongdh Cepaddho qui livre ces détails, il y a lieu d’estimer qu’il s’agit d’actes de sabotage à l’égard du prélat catholique.
La riposte
Pour faciliter la mobilité des services de sécurité en région de Beni, le chef de l’État congolais a renforcé l’équipement de la police sur le terrain. Au cours d’une cérémonie qu’il a présidée, ce lundi 30 décembre, le gouverneur du Nord-Kivu, Carly Nzanzu Kasivita, a remis 5 jeeps Pimpan neuves à la Police nationale congolaise dont 3 pour la ville et 2 pour le territoire de Beni.
Nzanzu Kasivita qui était porteur du message du président Félix Tshisekedi, a encouragé les forces de l’ordre à travailler de manière à renforcer la sécurité des civils et de leurs biens dans cette région menacée par des attaques rebelles. L’autorité provinciale a également rendu disponible, au moins deux milles litres pour la mobilité de ces engins.
« Le président de la République m’a demandé de dire au commissaire provincial à l’intérim, ici présent, de bien veiller au bon état de ces véhicules. C’est inadmissible, pour ceux qui sont dans la logistique de la police, que les véhicules roulent à 150 Km à l’heure, et fauchent les gens. Nous devons aussi respecter le Code de la route et travailler de plus en plus pour que notre ville soit en paix », exhorte le gouverneur du Nord-Kivu.
Par ailleurs, quatre vaches et une tonne de riz ont également été remises à ce service, en marge des festivités de nouvel an.
Avec le Potentiel