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En ce troisième jour de consultations, Félix Tshisekedi s’est entretenu avec Jean-Pierre Bemba, ancien vice-président, président du MLC et ex-collègue de l’opposition du chef de l’État congolais. C’est la première personnalité politique à être reçue. Le président Tshisekedi se cherche une nouvelle majorité pour se défaire de l’influence de son prédécesseur, Joseph Kabila.

Jean-Pierre Bemba est arrivé en début d’après-midi, en provenance de Gemena, son fief dans la province du Sud-Ubangi où l’opposant séjourne depuis plusieurs mois. On le disait en train de régler ses affaires familiales et de remettre de l’ordre dans son parti. C’est donc sa première sortie politique depuis la mi-juillet et le voilà reçu par le président Tshisekedi. L'entretien a duré près de deux heures. « Ça s'est bien passé, je suis favorable à tout dialogue entre les Congolais », s'est contenté de déclarer l'opposant, avant d'affirmer qu'il devait reprendre son avion.

Dans son entourage, on assure qu’il était là pour écouter, savoir ce que le chef de l’État avait à dire et qu’il n’y aura sans doute aucune décision précipitée, avant que Félix Tshisekedi ne livre lui-même ses conclusions publiquement à l’issue de ses consultations. Le sénateur Jean-Pierre Bemba est à la tête d’un groupe parlementaire de 28 députés, quand la coalition présidentielle, Cach, dispose à ce jour de 48 élus. Un autre opposant est annoncé vendredi. Il s’agit de l’ancien gouverneur Moïse Katumbi de la plateforme Ensemble pour la République qui lui a près de 68 députés.

Les trois hommes s’étaient quittés dans des termes difficiles juste avant les élections de 2018. À Genève, en novembre, Félix Tshisekedi avait claqué la porte de la coalition d’opposition Lamuka pour créer Cach avec Vital Kamerhe. Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi avaient contesté la victoire du président Tshisekedi aux élections et soutenaient Martin Fayulu comme le président élu. Mais depuis, les deux hommes sont revenus au pays et des tensions sont nées entre les leaders de Lamuka, entre Jean-Pierre Bemba et Moise Katumbi d’un côté qui acceptent de reconnaître les institutions et ceux qui, comme Martin Fayulu et Adolphe Muzito, le refusent pour le moment.

Des journalistes arrêtés

En marge de ces consultations, deux journalistes ont été arrêtés. Les deux confrères sont toujours détenus à l’agence nationale des renseignements, un service de sécurité qui dépend de la présidence. Roublin Bamba et Ordynolas Mobala, du site Bosolo Na Politique, ont filmé l’arrivée du président lundi avec le cardinal Monsengwo. On leur reproche d’avoir diffusé un extrait qui a créé la polémique, car plusieurs conseillers du président ne se sont pas levés et ont continué à discuter à son arrivée.

Mardi, alors que les organisations de défense des journalistes, l’Union nationale de la presse congolaise et Journalistes en danger, étaient reçues par le chef de l’État, les collègues ont été embarqués depuis la présidence pour interrogatoire. Depuis, du côté de la présidence, on promet leur libération prochaine, mais leur directeur de publication n’a plus aucune nouvelle. JED et Reporters sans frontières demandent leur libération. Pour rappel, JED a dénoncé une hausse des atteintes aux droits de la presse cette année : 116 contre 85 l’an dernier à l’arrivée du président Tshisekedi au pouvoir.

RFI / Sonia Rolley