
Face à Félix Tshisekedi qui l'a reçu hier lundi 9 novembre, au Palais de la Nation, Denis Mukwege n’a pas été complaisant. "Le célèbre réparateur des femmes" a demandé au chef de l’État la fin de l’impunité, «qui bloque le décollage de la RDC».
Sans citer de noms, Dénis Mukwege insinue que ceux qui ont commis des crimes de guerre et de sang, ainsi que des crimes économiques et contre l’humanité «occupent des postes stratégiques au sein des institutions de la République et sont aussi membres influents de la coalition qui cogère le pays».
«S’il y a dans la coalition FCC-CACH des personnes qui ont commis des crimes, elles doivent répondre de leurs actes. Je pense que la coalition ne peut pas être une espèce d’oasis où se cachent des criminels», a-t-il lâché. «Les crimes, souligne-t-il, nous concernent tous. Il ne peut pas y avoir des prescriptions par rapport aux crimes contre l’humanité».
«Moi, je ne suis pas la justice pour savoir si telle ou telle autre personne a commis des crimes. Mais, si vous êtes dans la coalition et que c’est attesté que vous avez commis des crimes de guerre, des crimes économiques ou des crimes contre l’humanité, vous devez répondre de vos actes», a insisté le Prix Nobel de la paix.
Pour y parvenir, Dénis Mukwege a aussi fait part à Félix Tshisekedi son souci de voir la justice triompher en RDC.
«Les crimes ne peuvent pas restés impunis. Parce que les criminels continuent à insécuriser l’Est de notre pays, voire toute la République. Il faut une lutte contre l’impunité qui passera par la mise en œuvre des recommandations du rapport Mapping (...) Il y a nécessité de faire une deuxième cartographie qui va nous permettre de répertorier tous les crimes qui ont été commis depuis 2003 à ces jours (...) Il faut une justice transitionnelle qui incluera les mécanismes de poursuites et de jugement internationaux mais également nationaux», a déclaré le prix Nobel de la paix.
Dans un autre registre, Denis Mukwege plaide pour les réformes institutionnelles. Selon le médecin de Panzi, la RDC ne décollera pas, si «on ne réussit pas à initier des réformes institutionnelles profondes».
«(...) Ces réformes doivent être profondes, courageuses et ambitieuses. Elles nous permettront d’avoir une armée, une police et un service de renseignement. Bref, l’ensemble de la sécurité tout à fait apolitique et professionnelle», a-t-il déclaré devant la presse.
«Nous avons également besoin d’avoir une justice, la Cour constitutionnelle et une CENI tout à fait apolitique. Ce sont des questions capitales, parce que tout le monde veut à tout prix contrôler les institutions pour se maintenir au pouvoir, alors que si nous avons des institutions apolitiques, neutres et professionnelles, chacun pourra faire prévaloir ses capacités de gouverner et non pas compter sur une hypothétique fraude».
Rachidi MABANDU / Forum des As