
Le bras de fer se poursuit entre Kinshasa et l’opposition à deux jours de la manifestation de protestation pour exiger la « dépolitisation » de la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Les autorités refusent un défilé sur l'axe reliant le pont Matete et l'aéroport de Ndjili, mais la coalition d'opposition Lamuka maintient son appel à manifester le 29 septembre.
Le gouverneur de Kinshasa est disposé à autoriser les manifestations, mais seulement en dehors de l’axe entre le pont Matete et l’aéroport international de Ndjili, a-t-il expliqué, lundi, devant la presse. Un tronçon de plusieurs kilomètres qui traverse un district populaire a priori acquis à l’opposition.
La marche est prévue dans 48 heures, le mercredi 29 septembre, sur des axes verrouillés depuis le week-end dernier par le gouverneur de Kinshasa qui estime que le tronçon du boulevard Lumumba reliant le centre-ville à l’aéroport international de Ndjili est stratégique et « neutre ».
Pour le gouverneur, les raisons ne sont pas politiques, mais sécuritaires. « Pour assurer la fluidité et garantir la sécurité et l'ordre public, nous avons décidé de rendre le trajet entre le pont Matete et l'aéroport de Ndjili en une zone neutre où on ne peut pas organiser les marches politiques. Quand il y a marche, ce grand boulevard est paralysé. Nous avons des renseignements sûrs qui prouvent à suffisance que cette zone est suffisamment instrumentalisée pour créer du désordre. Nous avons des délégations étrangères qui viennent et à chaque fois qui doivent faire des vas-et-viens. Le passage obligé, c’est le boulevard Lumumba », a expliqué Gentiny Ngobila.
Pas plus tard que le 15 septembre, selon le gouverneur, un véhicule d’un ambassadeur de l’union africaine (UA) a été caillassé sur cette voie. Une raison supplémentaire pour les autorités de fermer l’axe.
Des motifs fallacieux selon l'opposition
Ce lundi, le tandem Martin Fayulu et Adolphe Muzito à la tête de Lamuka a rejeté cette décision et maintient la marche à l’itinéraire prévu car pour l'opposition, les motifs des autorités sont fallacieux. « La position du gouverneur ne nous concerne pas, parce que nous maintenons la marche dans ses itinéraires tel que prévu par la lettre du 17 septembre que nous avions introduite, affirme Blanchard Mongomba, rapporteur du présidium. Tous les Congolais sont égaux. Pas plus tard que dimanche, monsieur Ngobila a encadré l’activité tenue par le président de l’Assemblée nationale, illégitime d’ailleurs. Nous, nous maintenons notre marche et nous sommes en train de mobiliser pour ça . Nous savons que ce régime est un régime dictatorial qui se caractérise par la répression, mais ce n’est pas pour autant que nous nous allons renoncer à notre droit le plus légitime ».C'est justement contre cette discrimination et contre cette dictature que nous avons décidé de résister ainsi le président de Lamuka annonce qu'il maintient sa marche pacifique du 29 septembre.
Jean-Claude Mwalimu, l’un des porte-paroles de la coalition lamuka
La répression ou l'interdiction des manifestations de l'opposition s'est intensifié dans le pays, d'après Lamuka. La plateforme note qu'aucune de ses manifestations n'a été épargnée depuis deux ans. Un tableau qui inquiète la Commission nationale des droits de l’homme. Dans un rapport, mi-septembre, cette institution publique d’appui à la démocratie, a appelé les autorités au respect de la liberté de manifester.