On a beaucoup dit ces derniers mois que l'Ukraine était dans l'impasse, que la Russie avait repris l'avantage en 2023. Or, le tableau est encore plus sombre aujourd'hui. D'abord, la situation s'est aggravée sur le front. Moscou est désormais à l'offensive. Son réservoir d'hommes et de munitions paraît inépuisable.

Les Russes se concentrent actuellement sur la petite ville de Tchasiv Yar, dans l’est, un verrou important avant de s’attaquer peut-être au nœud logistique de Kramatorsk.

Ils utilisent aussi de nouvelles armes, notamment des bombes dites planantes, de plus en plus puissantes et précises, qui parcourent des dizaines de kilomètres et provoquent d’énormes dégâts.

Et côté ukrainien, le moral des troupes s’en ressent… Ce découragement est désormais reconnu au plus haut niveau de l’Etat. Andrey Yermak, proche conseiller de Zelensky, le dit dans une interview au site Politico : « Les gens sont fatigués ». Il assure toutefois que personne n’est prêt à accepter un compromis avec Poutine.

Peut-être… mais les volontaires manquent à l’appel, et on entend moins de « Slava Ukraini » (gloire à l’Ukraine) dans les rues de Kiev ou de Kharkiv.

Il y aussi cette crainte d’une lassitude de l’Occident

Le robinet d’aide semble se tarir. Au Congrès américain, en effet, les pro-Trump bloquent toujours une enveloppe de 60 milliards d’euros. On discute même aujourd’hui d’un simple prêt.

L’Union européenne et l’OTAN restent mobilisées, mais les pays membres se querellent souvent sur la nature du soutien à Kiev. Et le camp pro-russe gagne du terrain. Ce week-end, la Slovaquie a élu un président, Peter Pellegrini, favorable à des pourparlers entre Russie et Ukraine.

Zelensky lui-même est contesté

Sa popularité ne s’effondre pas, mais les critiques ne se cachent plus. Son mandat de cinq ans aurait dû se terminer le mois prochain. Il se prolonge du fait de l’impossibilité d’organiser une élection dans un pays en guerre. La question de sa légitimité va se poser. Elle pourrait être exploitée par Moscou.

Les politiques ne parlent plus d’une seule voix. Il a fallu beaucoup de temps pour produire une nouvelle loi sur la mobilisation. L’âge a été abaissé à 25 ans au lieu de 27. Une loi insuffisante pour pallier le manque de soldats, et qui aura forcément un impact économique alors que les entreprises aussi ont besoin de main d’œuvre.

Les options de Zelensky sont aujourd’hui limitées

Le président s’accroche à quelques lueurs d’espoir : l’arrivée du printemps qui rend son pays moins vulnérable aux frappes contre les infrastructures énergétiques ; les succès de son armée en mer Noire, où la Russie a perdu plusieurs navires ; et la résistance malgré tout des lignes de front.

Pour le reste, Zelensky n’a d’autre choix que de continuer à prêcher : tenter de convaincre les Occidentaux que son combat est aussi le leur. L’alternative consisterait à ouvrir des négociations avec un Poutine renforcé par sa réélection. Autant dire une capitulation

Radio france