La tension entre la Turquie et la Russie à propos de la région syrienne d’Idlib ne retombe pas. Dénonçant des frappes venues des positions turques qui ont blessé quatre soldats syriens, Moscou a appelé Ankara à cesser son soutien aux « groupes terroristes » de la région syrienne d’Idleb, a déclaré jeudi 20 février le ministère russe de la défense. Il a par ailleurs ajouté avoir mené des frappes contre les groupes armés soutenus par Ankara.
Selon le communiqué de l’armée russe, les « formations terroristes ont mené plusieurs attaques massives » contre les positions syriennes dans les régions d’Al-Nayrab et Qaminas. Celui-ci précise que des bombardiers Su-24 ont frappé « des formations terroristes » et permis à l’armée syrienne de repousser leur attaque, détruisant « un tank, six véhicules blindés et cinq véhicules tout-terrain lourdement armés ».
Mais ces derniers développements rendent la situation de plus en plus volatile dans la province d’Idlib, risquant d’aggraver une situation humanitaire déjà catastrophique, avec près d’un million de personnes déplacées depuis décembre.
Jusqu’ici, Ankara et Moscou étaient parvenus à s’entendre en Syrie
Ces événements surviennent dans un contexte de fortes tensions dans cette région entre les forces turques et les troupes syriennes. Au président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui menaçait mercredi 19 février matin de lancer rapidement une offensive militaire contre les forces syriennes dans la région d’Idlib, Moscou avait rappelé qu’une telle opération serait « la pire des options », selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Le même jour, le Kremlin avait déjà accusé Ankara de ne pas respecter le cessez-le-feu en Syrie et de ne rien faire pour « neutraliser les terroristes ».
« L’un des pires drames humanitaires »
Si la Turquie se préoccupe autant de la situation dans cette région frontalière, c’est parce qu’elle redoute l’arrivée sur son sol d’une nouvelle vague de réfugiés. Le pays accueille déjà plus de 3,6 millions de Syriens.
Depuis le début de l’offensive du régime dans le nord-ouest de la Syrie, la situation humanitaire à Idlib n’a fait qu’empirer. D’après l’OSDH, plus de 400 civils, dont 112 enfants, ont péri depuis que le régime a lancé son offensive. Selon l’ONU, environ 900 000 personnes, en grande majorité des femmes et des enfants, ont en outre fui les violences dans le nord-ouest de la Syrie depuis décembre. Environ 170 000 d’entre elles dorment en plein air en dépit des rudes conditions hivernales, a fait savoir jeudi l’ONU.
« Depuis plusieurs semaines, c’est l’un des pires drames humanitaires qui est en train de se passer » dans la région d’Idlib, a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron en arrivant à Bruxelles pour un sommet de l’Union européenne. « Je veux condamner avec la plus grande fermeté les attaques militaires qui sont menées depuis plusieurs semaines par le régime de Bachar al-Assad contre les populations civiles d’Idleb », a-t-il ajouté.
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