
Lors des obsèques du " Sphinx de Limete " de vendredi à samedi derniers, on peut classifier en deux catégories les témoignages entendus de la classe politique, toutes tendances confondues, de la Société civile et des leaders sociaux. Leur écrasante majorité a dépeint un passé élogieux d'une icône de la démocratie qui mérite, de ce fait, d'être proclamé par une loi "Héros national".
Une infime partie voit de l'ombre dans ce parcours politique du Lider maximo de l'UDPS. On peut dégager la substance de leur pensée dans cette déclaration sur "RFI" par Jean-Pierre Senga, chercheur senior (directeur) d'Amnesty International pour l'Afrique centrale.
Ils imputent à Etienne Tshisekedi la responsabilité dans la mort de Patrice-Emery Lumumba, Premier ministre du premier gouvernement du Congo par la lettre qu'il avait adressée à l'époque à Albert Kalonji Ditunga, Empereur de l'Empire du Sud-Kasaï qui siégeait à Bakwanga (actuel Mbuji-Mayi). On lui attribue aussi un rôle de premier plan dans le coup d'Etat de Mobutu un certain 24 décembre 1965 pour renverser le Président de la République Joseph Kasa-Vubu.
Ce n'est pas tout. A son actif, on aligne également la pendaison publique à Pont-Cabu de Kinshsa en juin 1967, d'Emmanuel Bamba, Evariste Kimba, Alexandre Mahamba et de Jérôme Anany, tous anciens parlementaires. Certains analystes sont d'avis que le pouvoir Mobutu ayant été, à ses débuts, militaires, toutes les décisions sensibles (coup d'Etat, pendaison de la Pentecôte ...) étaient une affaire de hauts gradés. Les civils dont Tshisekedi étaient tenus à l'écart. Ce qui les amène à lire toutes les "affaires sales" susceptibles d'éclabousser Etienne Tshisekedi à travers le prisme d'un régime militaire dans lequel les autorités civiles n'avaient pas de responsabilité.
D'abord pour le coup d'Etat miliaire du général Joseph-Désiré Mobutu, le 24 novembre 1965. Il s'agit d'une décision du Haut-commandement miliaire de l'époque qui était réuni pendant deux jours. Parmi eux, il n'y avait aucun civil. C'état une affaire de hauts gradés militaires qui se sont proclamés " Compagnons de' la Révolution " et avaient instauré un ordre des " Compagnons de la Révolution".
Même les deux civils très proches de Mobutu dits " groupe de Binza " à savoir Victor Nendaka Bika, Administrateur général de la Sûreté nationale et Justin-Marie Mbomboko Lokumba, ministre des Affaires étrangères n'étaient informés de rien mais s'étaient vu discrètement assignés en résidence surveillée par leur ami Mobutu sans savoir pourquoi. Si eux, le précarré de Joseph-Désiré Mobutu, Commandant en chef de l'ANC (Armée nationale congolaise) n'étaient pas informés, a fortiori Etienne Tshisekedi qui n'était pas un militaire mais qui n'était que Recteur de l'ENDA "Ecole nationale de droit et d'administration" qui se trouvait dans l'enceinte de l'actuel ISC sur l'avenue du "ex-24 novembre ".
Pour ce qui est de la pendaison publique d'Emmanuel Bamba, Evariste Kimba, Alexandre Mahamba et de Jérôme Anani après leur condamnation à mort par un Conseil de guerre général au moment où Etienne Tshisekedi est ministre de l'Intérieur, là aussi c'est le même raisonnement. On a affaire à un régime militaire. C'est le Haut-commandement qui détient en cette période, exclusivement tous les pouvoirs d'Etat, exécutifs, législatifs et judicaires.
Le Conseil de guerre général qui a condamné les trois suppliciés à la peine capitale n'avait aucune tutelle du ministre de l'Intérieur mais bien du Haut-commandement de l'Armée dirigée par le général Joseph-Désiré Mobutu. Etienne Tshisekedi tout comme les autres ministres du gouvernement de 1967 n'ayant aucune influence sur les événements. Tout comme dans la même année, l'assassinat du Lumumbiste Guillaume Lubaya du CDA, père de Claudel Lubaya.
Sur ordre de Mobutu qui avait mis sa tête à prix, Lubaya est activement recherché par les sbires de la Sureté nationale dirigée par le colonel Jean Singa. Celui-ci ne reçoit pas du tout ses ordres du ministre de l'Intérieur qui n'est pas sa tutelle mais bien de Mobutu lui-même. La suite le démontre à suffisance. Guillaume Lubaya est en sécurité dans sa cachette dans la maison d'une sexagénaire luba qui fabriquait l'alcool frélaté (Lotoko en lingala) dans la commune de N'Djili. Il y fait des mois.
Jusqu'au jour où son propre frère ira secrètement voir le général Mobutu pour le livrer contre un poste à la Sureté nationale. Immédiatement, Mobutu donne ordre au colonel Singa d'aller l'arrêter. Ce qui fut fait. On ne reverra jamais Guillaume Lubaya. On ne voit pas où est la main du ministre de l'Intérieur Etienne Tshisekedi.
La question que l'on peut tout de même se poser est de savoir pourquoi Etienne Tshisekedi n'avait pas démissionné au regard de tous ces assassinats d'Etat.
Quant à l'arrestation et l'assassinat au Katanga du Premier ministre Patrice-Emery Lumumba, on ne voit pas le rôle qu'aurait joué un Commissaire général adjoint chargé de la Justice Etienne Tshisekedi et encore moins, son titulaire Marcel Lihau. Ceux qui peuvent y répondre ne sont que les membres du fameux " groupe de Binza " avec Victor Nendaka, Administrateur génal de la Sureté nationale et Justin-Marie Mbomboko, ministre des Affaires étrangères.
A la CNS déjà, en 91-92 où les thèses de l'Opposition étaient prédominantes, la Commission " Assassinats " avait "blanchi" Etienne Tshisekedi. Raison pour laquelle il a été plébiscité Premier ministre du Zaïre par la CNS, le 30 août 1992.
Dans tous les cas, lorsque se seront estompées toutes les passions, l'Histoire fera enfin son oeuvre. On saura alors qui a fait quoi.
K. M./ forum des As








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