1er février 2017 – 1er février 2022. Jour pour jour, cinq ans se sont écoulés depuis le décès à Bruxelles d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, figure emblématique de l’opposition congolaise.

L’homme a été emporté par une embolie pulmonaire à l’âge de 84 ans, ne terminant pas sa dernière bataille politique : obtenir l’alternance politique avec le départ de Joseph Kabila qui avait purgé ses deux mandats  constitutionnels depuis fin 2016.

Ayant envoyé ses délégués aux discussions du Centre interdiocésain ayant accouché d’un accord dit de Saint Sylvestre entre l’opposition et le pouvoir sous la médiation des évêques catholiques, Etienne Tshisekedi avait refusé de proposer trois noms pour la désignation, par Joseph Kabila, du futur Premier ministre qui devait venir de son parti, selon l’accord. Fidèle à sa réputation de « monsieur non », le Sphinx de Limete tenait à ne proposer qu’un seul nom. Il mourra sans trouver  un compromis sur la question.

Finalement, c’est l’un de ses lieutenants, Bruno Tshibala, qui sera nommé dans des conditions controversées à la tête d’un gouvernement qui avait la mission d’organiser les élections dans le plus bref délai.

Héritant de l’aura et du parti – Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS)- de son père, Félix-Antoine Tshisekedi, qui n’avait pas les faveurs des pronostics, va remporter la présidentielle de 2018, devenant ainsi le 5e président de la République démocratique du Congo.

Trois ans depuis sa prise des fonctions, Fatshi est-il le digne fils politique de son père ? Son père serait-il fier de sa gestion du pays, surtout en ce qui concerne l’instauration de l’Etat de droit et le « Peuple d’abord », ses deux postulats ? Dans son discours sur l’état de la nation en décembre dernier, l’actuel chef de l’Etat n’avait pas caché sa déception quant au fonctionnement de l’appareil judiciaire congolais, toujours gangréné par la corruption et plusieurs autres maux qui bloquent la marche vers un Etat de droit.

L’impunité bat aussi son plein. Plusieurs membres de son entourage sont cités dans les détournements des fonds des travaux publics dans le cadre des programmes présidentiels de « cent premiers jours » ou encore « Tshilejelu », sans être inquiétés. Ceux qui l’ont été, sont aujourd’hui libres, soit bénéficiant de la grâce présidentielle soit d’une liberté  provisoire à la tête du client.

Toujours dans son dernier discours sur l’état de la nation, Fatshi avait reconnu que la situation sociale de la population n’était pas reluisante avec un gouvernement qui affiche un déficit dans la coordination et le pilotage des actions. Inégalités, vie chère, chômage, chute du pouvoir d’achat…  aucune attente sur le volet « Le peuple d’abord » n’est rencontrée, jusqu’à présent. A part peut-être la mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement primaire. Là encore, dans le contenu, il y a à boire et à manger.

Avec le projet de développement des 145 territoires, le « fils à papa » espère se racheter pour les deux ans du mandat qui lui restent. Pourvu qu’il tire les leçons de ses échecs. Il n’est jamais trop tard pour mieux faire.

Socrate Nsimba / digitalcongo.net