La quarantaine révolue, Rose Mata a l’art dans les pieds. Privée de bras, elle a refusé de se résigner, préférant plutôt développer les talents que Dieu lui a donnés. Artiste, elle se sert de ses pieds pour peindre les toiles, là où ses collègues usent de leurs mains pour s’exprimer.
Rose Mata est privée de membres supérieurs depuis sa naissance. Consciente de son handicap, cette dame qui a passé le clair de sa vie en République démocratique du Congo, n’a jamais voulu céder un seul instant à la mendicité. Déterminée à surmonter son infirmité, elle s’est formée au métier de peintre. Et grâce à ce travail, elle noue les bouts du mois.
Son courage, sa bravoure, son héroïsme lui a valu le rôle principal dans le court métrage du cinéaste congolais Pepy Wane Sinda. A travers son film ’’Ngitukulu’’, l’auteur tâche, en effet, de rendre un vibrant hommage à cette dame qui se donne à cœur joie au travail et gagne la vie plus que certaines personnes valides, réduites à la mendicité.
ACTRICE PRINCIPALE D’UN FILM
Projeté le vendredi 13 avril 2013 au Centre Wallonie-Bruxelles de Kinshasa, ce film a focalisé l’attention des spectateurs sur la vie de cette femme exceptionnelle. Cette femme qui étonne. C’est d’ailleurs pour cette raison que Pepy Wane Sinda a jugé utile de surnommer son court métrage ’’Ngitukulu’’. Une manière pour lui de crier haut son ’’étonnement’’.
"Ce film étonne réellement, parce qu’il interpelle les femmes paresseuses, qui se livrent aux pratiques avilissantes et passent leurs journées à ne rien faire", commente à ce propos le journal kinois ’’La Prospérité’’.
Pendant les treize minutes du film, les spectateurs découvrent une femme dynamique, bien que dépourvue de bras. Refusant de dépendre d’un tiers, Rose Mata montre aux caméras comment elle vit au quotidien, notamment dans sa vie professionnelle. Comme elle le rappelait lors d’un reportage à la télévision nationale, la quadragénaire congolaise explique comment, dès le bas âge, elle a appris à écrire dans ses cahiers à l’aide de ses pieds, surprenant ainsi ses enseignants de l’école primaire.
’’QUI VA TRAVAILLER A MA PLACE ?’’
Mère au foyer, Rose Mata réalise la quasi-totalité de ses travaux de ménage en usant de ses pieds, montre le film ’’Ngitukulu’’. On la voit ainsi faire son lit, repasser les habits, allumer le brasero, préparer à manger... Elle incarne l’image d’une mère responsable et consciencieuse pour ses enfants.
"Si je ne travaille pas, alors qui va travailler à ma place ? Dieu m’a donné les enfants, je ne peux pas rester les bras croisés pour que quelqu’un d’autre puisse venir travailler à ma place. Je dois avoir le courage de travailler pour la protection de ma famille", confesse-t-elle.
Loin de s’apitoyer sur son propre sort, Rose Mata brille curieusement par son altruisme. Le film met en exergue les scènes où elle consacre du temps à visiter des amis et à consoler des malades qui n’ont plus de force pour pouvoir travailler.
A travers ce film, la leçon véhiculée par Pepy Wane Sinda saute vite aux yeux : le handicap n’est pas en soi un obstacle. Il permet à l’homme de se surpasser pour ne pas céder à l’oisiveté, à la paresse, à la mendicité… Le cas de Rose Mata est un exemple patent.
Avec Yves KALIKAT / forum des as
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