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ANALYSE / L'élection présidentielle américaine du 8 novembre m'a littéralement sonné. J'ai été atterré par les résultats, non pas tant par leur caractère imprévu, car les résultats entrent largement dans la marge d'erreur des sondages, que par leurs conséquences.
Au lieu d'élire une personne qui globalement était mue par le bien public et un désir d'améliorer le sort de ses concitoyens, une minorité des Américains ont désigné, grâce à un système politique anachronique, un individu qui a démontré une personnalité narcissique, une tendance mégalomane et une détermination à mentir pour faire correspondre les faits à sa conception de la réalité.
En juin dernier, j'écrivais comment, déjà dans les années 1980, Donald Trump trouvait son inspiration dans Mein Kampf et les discours de Hitler d'avant 1939. De plus, il a été à l'école de Roy Cohn, le principal adjoint de Joe McCarthy. Trump s'est adjoint Cohn comme principal avocat. Ce dernier lui a enseigné comment tricher avec le système, comment détruire des preuves pour éviter de se faire poursuivre, l'importance en toute chose de refuser de reconnaître ses torts et de ne pas hésiter à mentir si c'était nécessaire.
 
Donald Trump a si bien appris sa leçon que les observateurs américains ont inventé le terme de « bullshittage » pour décrire la façon dont il se comporte avec la vérité. Habituellement, un politicien ment en ajustant les faits à la réalité dans 10 à 15 % des cas. Des observateurs indépendants ont démontré que 95 % des déclarations de Trump étaient fausses ou trafiquées. Plus encore, il projette sur ses adversaires ses propres comportements.
Dans les circonstances, il n'est pas surprenant que l'élection présidentielle de 2016 va passer comme la pire campagne négative de l'histoire américaine, comme la campagne où la fabrication d'histoires fausses transmises par les réseaux sociaux a dominé les enjeux de la campagne.
Depuis 1970, Donald Trump s'est démarqué comme un promoteur immobilier qui n'hésitait pas à discriminer systématiquement contre les noirs sur le plan du logement ou de l'emploi. Son racisme l'a amené au début des années 1980 à payer une pleine page de publicité dans le New York Times contre quatre noirs qui avaient été faussement accusés de viol, afin que l'État de New York rétablisse la peine de mort. Comme les quatre individus furent exonérés par des tests d'ADN après 14 ans de prison, Trump refusa ensuite de s'excuser, affirmant même que c'était la faute du système qui était vicié.
Son comportement ne s'est pas démenti depuis. Il n'a pas hésité à blâmer les Afro-Américains pour les bavures policières dont ils sont régulièrement les victimes. Selon lui, le mouvement « Black Lives Matter » est la principale cause des violences dont les noirs sont victimes.
Or, son racisme ne s'arrête pas aux Afro-Américains. Il inclut aussi les Hispaniques et les personnes d'origine musulmane. D'ailleurs, toute sa campagne présidentielle a visé à mousser la peur de la population blanche à l'égard des minorités visibles. Il n'a pas hésité pour ce faire à les caricaturer systématiquement comme des paresseux, des violeurs ou des terroristes.
Nous aurions pu penser que ses déclarations incendiaires relevaient des enflures verbales d'une rhétorique de campagne électorale. Mais il n'en est rien. Ses agissements depuis l'élection confirment nos pires appréhensions. Trois jours après l'élection, il a remis sur son site internet l'objectif de bloquer l'entrée de tout musulman aux États-Unis et d'établir un registre pour la population musulmane.
Pire encore, une semaine après l'élection, Trump a nommé Stephen Bannon comme son principal conseiller politique. Or, Bannon s'est démarqué dans le passé par ses prises positions racistes outrancières à l'égard des minorités de couleur, les Musulmans, les Latinos et les Juifs.
Le président élu a ensuite désigné trois membres-clefs sur le plan de la sécurité avec Jeff Sessions comme ministre de la Justice, Michael Flynn comme conseiller à la sécurité nationale et Mike Pompeo comme directeur de la CIA. Or, le sénateur Sessions s'est déjà démarqué il y a 30 ans pour ses propos racistes, le général Flynn fut renvoyé comme directeur de l'agence de renseignement du Pentagone pour avoir déclaré que l'Islam représentait un cancer et une idéologie politique. Finalement, Pompeo est l'un des représentants les plus extrémistes du Tea Party au Congrès américain.
Par ses agissements et ses nominations depuis l'élection du 8 novembre, Trump ne démontre aucune volonté de devenir le président de tous les Américains, d'être un rassembleur. Au contraire, il a tendance à réassurer ses partisans dans leurs perceptions et comportements xénophobes et racistes.
En conséquence, la société américaine est touchée depuis trois semaines par une éclosion d'actes racistes (graffitis, croix gammées, expulsions de noirs ou de musulmans de restaurants, etc.). Or, l'équipe Trump nie la montée faramineuse de crimes haineux depuis plusieurs semaines, affirmant que cela n'est qu'une fabrication de médias libéraux anti-Trump.
Depuis 1945, la société américaine a cherché avec beaucoup de difficulté de se libérer de ses vieux démons racistes et xénophobes. Avec l'élection de Donald Trump, c'est comme si subitement tout un passé douloureux revenait à la surface. Les prochains mois vont nous dire si la majorité des Américains ont raison d'être anxieux au lieu de célébrer l'élection de leur nouveau président.
Gilles Vandal est professeur émérite de l'École de politique appliquée de l'UdeS.
 
Avec la Tribune

 

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