Par ailleurs, chiffres et jurisprudence budgétaire en bandoulière, le coordonnateur de Lamuka ne voit pas FATSHI doubler le budget.

Par rapport à la dialectique Lamuka développée par le non moins dialecticien Adolphe Muzito, au cours de sa conférence de presse d'hier lundi 23 décembre à Kinshasa, deux attitudes. Soit on juge, soit on cherche à comprendre.

A charge pour ceux qui préfèrent juger, de méditer cette citation d'André Malraux : " Juger c'est, de toute évidence, ne pas comprendre puisque, si l'on comprenait on ne pourrait pas juger".

Ainsi, faudrait-il juger ou comprendre la politique de deux fers au feu de Lamuka ? A savoir, la résistance populaire et la présence au Parlement.

LA RESISTANCE POPULAIRE ET LA VOIE REFORMISTE

Tout en reconnaissant pas l'ordonnancement institutionnel issu de la proclamation des résultats des élections de décembre 2018, la plateforme chère à Adolphe Muzito maintient ses élus au sein de l'Hémicycle.

Question, aux dires du coordonnateur de Lamuka, de maintenir la pression sur "la majorité de fait". Histoire aussi de ne pas laisser le champ totalement libre aux forces "conservatrices" de consolider, sans la moindre entrave, leur logique réfractaire aux nécessaires réformes.

L'ancien Premier ministre ne voit pas l'once d'une contradiction entre les deux démarches. D'autant que même le plan de sortie de crise de Lamuka a prévu l'implémentation des réformes -CENI, Cour constitutionnelle …- dans les institutions. Ce , avant d'organiser les élections qui seraient l'antithèse du hold up électoral qui a débouché sur un "monstre institutionnel "appelé " coalition". A savoir, deux majorités différentes- présidentielle et parlementaire - pour un vote qui s'est déroulé le même jour.

Sans ressasser infiniment le passé, Lamuka entend scruter l'avenir à l'aune des réformes susceptibles d'éviter au pays la situation qui a conforté la crise de légitimité des institutions. Crise qui affaiblit davantage l'Etat et qui renforce la défiance populaire.

" JE NE VOIS PAS TSHISEKEDI DOUBLER LE BUDGET "

Ce "boulet d'illégitimité" que traîne Félix Antoine Tshisekedi va l'empêcher de tenir ses promesses. En commençant par le budget que l'économiste Muzito ne le voit pas doubler au regard des projections réalistes que l'on peut déjà faire.

Et l'ancien ministre du Budget, puis Premier ministre dans la première législature de la IIIème République, de démontrer que lui a quadruplé le budget en cinq ans, en passant de 800 millions à 3, 5 milliards de dollars dans un contexte où le pays ne produisait que 1.800.000 tonnes contre 7.000.000 après l'ère Muzito.

Si ce n'est pas un exploit, ça y ressemble d'autant plus fortement que depuis le budget n'a pas beaucoup progressé. Et la croissance va decrescendo. Il sera de 3,2 %.

" FAIRE LA GUERRE AVEC LE RWANDA N'EST PAS UN OBJECTIF EN SOI "

Sur le front sécuritaire à l'Est, Adolphe Muzito confirme d'abord qu'il sera avec Martin Fayulu à Beni pour réaffirmer la solidarité de Lamuka avec les populations meurtries de cette partie du pays.

La solution ? "Elle est en nous-mêmes", répond Muzito. Il faut un Etat fort, un pouvoir légitime qui puisse créer les conditions d'une bonne économie et donc d'une armée à même de garantir la défense du pays, estime Adolphe Muzito. Ce n'est qu'à ce prix que l'on peut régler le contentieux avec le Rwanda.

Et le coordonnateur de Lamuka de lâcher : "Faire la guerre au Rwanda est la seule option de la défense". Belliciste ? Pas vraiment. Puisqu' Adolphe Muzito renchérit : "faire la guerre n'est pas un objectif en soi. C'est une posture".

Puisqu'ensuite au nom du panafricanisme qui le caractérise, il souligne que les Rwandais, comme d'autres Africains, sont les bienvenus s'ils entrent par la grande porte.

Dans les Kivus où le discours radical l'a précédé, Muzito a joué peut-être au Jean-Baptiste en aplanissant les sentiers. Réponse dans la journée avec l'accueil à Beni. J.N.

Morceaux choisis de la conférence de presse

Dans sa toute première conférence de presse comme coordonnateur de Lamuka, Muzito a exposé la vision de sa plateforme sur " la crise de légitimité " qui rattrape à nouveau la RDC. Aux yeux du leader de Nouvel élan, le pouvoir actuel est si faible - parce qu'illégitime- qu'il ne peut résorber, seul, cette crise.

Encore moins cette crise. Cette conviction de départ a emmené l'ancien Premier ministre à soutenir que Félix Tshisekedi ne peut doubler le budget comme il s'est engagé. Tout comme ce pouvoir ne peut rétablir la paix dans l'Est. Seul un pouvoir fort légitime qu'il aura créé les conditions d'une économie forte et d'une armée forte peut y arriver. Et le coordonnateur de Lamuka de préconiser, s'il le faut, la guerre contre le Rwanda.

Question, pour la RDC, de se faire enfin respecter. J.N.

Avec Forum des As