Le dernier rapport du groupe d'experts des Nations unies sur le conflit dans l'est de la RDC, rendu public mercredi 2 juillet, relance les accusations contre le Rwanda. Le texte, que RFI a pu consulter, relève une présence massive de soldats rwandais – jusqu'à 6 000 hommes – sur le sol congolais entre janvier et mai 2025, et cite les noms de plusieurs hauts responsables rwandais directement impliqués dans les opérations.
Moins d'une semaine après la signature d'un accord de paix entre Kinshasa et Kigali à Washington, c'est un rapport qui ne passe pas inaperçu. Rendu public mercredi 2 juillet après avoir été soumis au Conseil de sécurité de l'ONU au mois de mai dernier, le document revient en détail sur la présence militaire rwandaise sur le sol congolais et sur le soutien qu'elle a apporté à la coalition AFC/M23, notamment lors des prises de Goma et de Bukavu, au début de cette année.
Les experts de l'ONU qui ont rédigé le rapport l'affirment sans ambiguïté : en janvier et février 2025, environ 6 000 soldats rwandais – dont des membres des forces spéciales – ont été déployés au Nord et au Sud-Kivu, et Kigali a recruté d'anciens combattants démobilisés des FDLR pour mener à bien des opérations de reconnaissance et de renseignement en territoire congolais.
Tandis qu'après la prise de Goma, une partie de ces troupes est rentrée au Rwanda, une autre a été redéployée en direction de Bukavu, avec toujours comme objectif de rester le plus discret possible sur l'implication rwandaise dans le conflit, poursuivent les experts onusiens selon qui, au moment de la rédaction de leur rapport – autrement dit jusqu'au mois de mai –, entre 1 000 et 1 500 soldats rwandais étaient encore actifs dans les zones contrôlées par l'AFC/M23.
Ces derniers affirment également que les opérations des Forces de défense rwandaises (RDF) dans l'est de la RDC ont été planifiées et dirigées notamment par James Kabarebe, un ancien chef militaire rwandais aujourd'hui devenu ministre de la Coopération régionale, tombé sous le coup de sanctions du Trésor américain en février dernier pour avoir « orchestré le soutien » du Rwanda à l'AFC/M23, selon Washington. Sont également cités le général Vincent Nyakarundi, chef d'état-major de l'armée rwandaise, et le général Patrick Karuretwa, président de la Haute Cour militaire du Rwanda.
Des actes susceptibles de sanctions
Toujours selon le rapport, les RDF auraient établi un quartier général avancé à Gisenyi, la ville jumelle de Goma, à la frontière entre la RDC et le Rwanda, et leur objectif n'aurait pas été de neutraliser les FDLR, mais de conquérir de nouveaux territoires. Leur présence, leur rôle opérationnel au Nord et au Sud-Kivu, ainsi que le contrôle direct qu'elles ont exercé sur le M23 – qui a pu ainsi renforcer son contrôle sur les deux provinces tout en garantissant au Rwanda un accès aux minerais, aux terres agricoles, et une influence politique en RDC – constituent des actes susceptibles de sanctions, ajoutent encore les experts.
Concernant l'AFC/M23, ces derniers déclarent que le groupe armé a renforcé ses rangs grâce à un vaste recrutement. Anciens soldats des FARDC, combattants Wazalendo, membres de la diaspora ou ex-militaires rwandais : si certains l'ont rejoint volontairement, d'autres ont été enrôlés sous la contrainte, ajoute encore le rapport qui note que, de son côté, le gouvernement congolais continue de s'appuyer sur les Wazalendo et les FDLR comme forces supplétives. Des groupes qui, bien qu'affaiblis par les combats de ces derniers mois, se sont réorganisés et commencent à mener à leur tour des attaques de représailles.
Face à ces accusations, Kigali, qui a toujours démenti la présence de soldats rwandais sur le sol congolais, s'est borné à rappeler son engagement dans l'accord de paix signé vendredi 27 juin à Washington. « Le Rwanda est pleinement engagé dans sa mise en œuvre, y compris la neutralisation des FDLR », a déclaré Yolande Makolo, la porte-parole du gouvernement rwandais.
rfi
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