La ville de Lyman, dans l’est de l’Ukraine, bastion des forces (pro-)russes dans la région de Donetsk pendant plus de quatre mois, est de nouveau aux mains de l’Ukraine. Mais cela signifie-t-il vraiment que le vent est en train de tourner pour les Russes? Cette prise va-t-elle réellement changer le cours de la guerre, comme le pensent de nombreux médias occidentaux? Dans les colonnes de Het Laatste Nieuws, l’ancien colonel belge Roger Housen tempère: “Cette ville n’est pas vraiment importante d’un point de vue stratégique.”
L’armée russe a subi une nouvelle défaite cuisante en Ukraine. Ce vendredi 30 septembre, alors que Vladimir Poutine célébrait l'officialisation des référendums d’annexion de territoires ukrainiens, la prise de la ville de Lyman, dans l’est de l’Ukraine, se préparait. Les forces ukrainiennes ont frappé le lendemain, le samedi 1er octobre. “Lyman est totalement débarrassée de l’armée russe. Merci à nos militaires”, s’est félicité le président ukrainien Volodymyr Zelensky ce dimanche matin. De son côté, le Kremlin a confirmé que ses hommes s’étaient retirés de la ville en raison d’un “risque d’encerclement”.
“La ville de Lyman n’est pas vraiment importante d'un point de vue stratégique”, estime l’ex-colonel Roger Housen. “Certes, la ville est importante, car elle se trouve sur le Severskyi Donetsk, une rivière de 80 à 120 mètres de large. Les Russes ont dû abandonner leur forte position défensive à cet endroit, mais ils n’ont pas détruit les ponts sur la rivière. Lyman dispose également d’un vaste réseau ferroviaire qui a été utilisé par les Russes ces derniers mois pour s’approvisionner en munitions, en carburant et en nourriture. En reprenant la ville, les Ukrainiens rendent la vie beaucoup plus difficile aux forces russes.”
Guerre de l’information
“Bien sûr, la reconquête est un succès pour l’Ukraine, mais dans le monde occidental, la ville de Lyman est fortement surestimée”, ajoute l’expert. “En fait, cette victoire des forces ukrainiennes va surtout porter un sacré coup au moral des troupes russes, mais rien de plus. Quand on regarde comment la prise de Lyman est traitée dans les médias, on y voit un parfait exemple de la façon dont la guerre de l’information est menée. Et sur ce point, les Ukrainiens gagnent largement depuis sept mois. Ils exploitent parfaitement chaque succès, aussi minuscule soit-il. Ici, par exemple, on lit partout que Lyman est ‘une ville stratégiquement importante’, mais dans les faits, ce n’est pas vraiment le cas.”
“L’Ukraine va certainement faire quelques avancées supplémentaires dans les jours à venir et reprendre plusieurs villages, mais cela ne fera pas basculer la guerre. Ces victoires ne permettront pas à Zelensky de reprendre la moitié du Donbas dans les mois à venir. L’Ukraine profite actuellement du fait que les nouvelles recrues et les nouveaux équipements russes ne sont pas encore sur le terrain; il y a une sorte de période de transition. Mais vers la mi-novembre, je pense que les choses vont changer.”
L’offensive dans le sud
“Pendant ce temps, les Ukrainiens restent silencieux sur l’offensive dans la région de Cherson, dans le sud du pas, qui a été annoncée en mai. Cette région a une réelle importance stratégique, tant pour Moscou que pour Kiev. Mais depuis plusieurs mois maintenant, nous n’entendons plus parler des combats menés sur place. Pourquoi? Parce que l’Ukraine n’est pas victorieuse. Encore une fois, cela fait partie de la guerre de l’information et ils sont très doués dans ce domaine à Kiev.”
Ramzan Kadyrov, le dirigeant de la république autonome russe de Tchétchénie, a appelé samedi l’armée russe à déployer des “armes nucléaires de faible puissance” en Ukraine, mais l’ancien colonel Housen n’est pas inquiet à ce sujet. “Ramzan Kadyrov, je le mets dans le même sac que ces blogueurs russes: ils peuvent parler fort et faire beaucoup de bruit, mais ils n’ont aucune influence sur le processus de décision du Kremlin.”
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